lundi 9 avril 2012

UN POIL

    Étais-je passant le Pont des Arts, direction rive gauche, par là où j'avais décidé déjeuner (jamais une chose sérieuse se peut faire à la droite) quand tout à coup je me trouve un ami, qui volontiers me faire le plaisir d'accepter l'invitation de s'asseoir à ma table.

    Nous fûmes, plus que pour tuer la faim, pour blesser (sans résultat, bien sûr) politiciens, spéculateurs et curés, en toutes leurs branches possibles aussi que leurs complices- à un petit restaurant, dont je fréquente, et qui est très familier, si familier, comme que pour tout personnel, il a un couple et sa fille, qui évidemment sont en plus les propriétaires. 

    Une fois-là, à table, l'éloquence est notable jusqu'à, les mets y arrivent, instant où peut-être soient les effluves pantagruéliques la cause qui nous coupe (sans les tuer du tout) les paroles. Alors, mon ami autant bavard que moi, pour s'en sortir du silence, cherche et trouve, dans ce cas, un poil dans son assiette ; donc, avant qu'il change la direction des attaques. Je lui ai fait savoir que le poil était noir, compte tenu que le patron, à la cuisine, est tellement chauve, la patronne blonde et la fille rouquine, voilà mon ami, je lui dis, le poil seulement peut venir de là-bas ? Celui-là sourit, d'un air d'imperturbable dragueur, baisant la paupière jusques par où la commissure des lèvres monte ; nous repérons les attaques verbales délaissées… après, il mange avidement. 

    En finissant l'agape érotique-pantagruélique, nous nous mettons à sillonner les étroites rues, de satisfaction, en tirant du malin qu'il y a en moi, je dis à mon ami : et si le poil fût du cuisinier… ? 

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