Il était un homme qui n'était ni prince, ni roi, ni cavalier, ni aucune connerie comme ça : il était forgeron. Maître lui d'un si grand domaine que, dès son centre, en regardant partout l'horizon qui l'entourait, là il l'en marquait ses limites.
Toute l'étendue de ce domaine-là était d'une pelouse fournie, par où pullulaient des si belles que variées fleurs, pour lesquelles le forgeron ne montrait aucun intérêt, ce qui ne veut pas dire que pour être forgeron, il fût insensible à la beauté. Pourtant, pas à cause de son métier non plus, il n'avait les mains vertes, c'est pour ça que la sensibilité qu'il avait mise sur le bulbe d'une tulipe, à laquelle pour que rien la gênasse, il l'avait soigneusement semé, précisément dans le centre du domaine, où le terrain était nu ; le malchanceux à toutes mains, exception faite des verts, il ne s'était aperçu que ce terrain-là, tout quand la glace le couvre, si bien se sait que, car elle y vient, jamais parce qu'elle s'en va.
Un beau jour, tandis que le malheureux forgeron, forgé de patience, attendait la fonte de la glace pour voir la tulipe pousser, une belle marguerite jaune et blanche, qui l'en avait déjà fait près du terrain enseveli par la glace, lui dit, sans faire des sautillements pertinents qu'elle souhaiterait : Forgeron ! Forgeron ! Prends-moi. J'aimerais être la fleur de ta boutonnière. Va-t'en te faire enculer par un poisson de mer ; lui répondit un petit peu presque grossièrement le forgeron.
Le forgeron reste là, en attendant ce temps sans temps, qui lui fait réfléchir sur : si l'on coupe une fleur, elle meurt, si l'on ne la coupe pas, elle meurt aussi, au cas où elle resterait sous terre, elle ne meurt pas, mais elle ne vit non plus ; malgré tout. Il reste là en attendant.
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