mercredi 21 septembre 2011

UNE ALLUMETTE SANS IMPORTANCE

    Un mec pose sa figure sur le trottoir pour allumer une cigarette au plus pur style Jean Gabin. En faisant l'exhibition, s'embrouille avec l'allumette, pour qu'elle finisse par tomber sur le bord de la chaussée ; qui et qui se baisse à collecter une petite chose comme une misérable allumette ? Ce type-là l'abandonne et part. Une voiture y passe…  Une autre et une autre, les tourbillons créés par celles-là, l'en vont, approchant à l'autre côté de la rue. Là, le pavé se prolonge par celui d'une station-service, où un gommeux, qui vient de faire le plein à son immaculé Alfa, a fait verser de son affectée maladresse un quelque peu d'essence par terre ; aux reproches du pompier, il répond au plus style d'un danseur de claquette, tournant sur ses talons en cuir, dont le bord de l'un gratte la tête intacte de l'allumette l'en faisant accomplir son but.   
    Le feu s'étend par la voiture, immédiatement par la pompe, par le garage tout, par la maison, par celle-là d'à côté, par l'autre, par l'autre ; par le pâté de maisons, cette pâte par sympathie (maudit la grâce) touche un autre, un autre, un autre… la ville brûle ! … sans Néron qui joue la lyre et chante des poèmes.     
    Ce Néron-là, il est dans une ville pas trop lointaine, dedans un magasin de chaussures ; il présente la collection de la prochaine saison printemps-été ; à ce moment-là même où quelqu'un entre presque criant ; la ville voisine est en train d'être ravagée par le feu ! Quelle horreur ? Crie (quasiment chantant) le petit Néron ; qui provoquerait tel exécrable acte, ajoute-t-il, d'une voix semblable tellement au crincrin d'une lyre ; puis il sort comme les autres qui sont là, prêter le nez à l'odeur de la fumée… ensuite il prend une cigarette et l'allume au plus pur style Jean Gabin.     
 

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