J'aime
me perdre pendant la nuit par les somnolentes rues étroites, sinueuses,
tournantes, qui se ferment et ouvrent capricieusement de leur largueur
de vieux quartiers de la ville dont j'habite.
Une soirée que je faisais ma balade de rigueur, en sortant d'une
petite place dont j'avais choisi l'une des rues qui y débouchent pour
continuer mon chemin. Le même par où je vois venir, à contre-courant,
une ancienne amie, qui plus que marcher, comme que glissait, pour à
chaque instant, bondir telle qu'une danseuse de l'opéra de Vienne, laquelle
avait les allures d'un cygne heureux et la face rayonnante d'un ange
paré d'un sourire que le débordait.
Toutefois, que nous nous approchâmes, l'un à l'autre, sort d'elle une voix cristalline qui éclate :
Ça va ! Que bien que je te vois ! Comme as-tu minci.
Ce qui ne m'a laissé dire d'autre qu'à moi-même : cette nana est à la
diète et elle veut que je lui dise autant de même, ou si elle est
amoureuse ?
Elle insiste sans prendre un souffle d'air.
As-tu coupé les cheveux ? Comme te va bien ça.
Moi, qui suis en train de chauvir, je me dis de nouveau moi-même :
sera-t-il qu'elle veut payer la tête à moi ? Ou bien sera-t-il
qu'elle est vraiment amoureuse ?
Elle attaque de nouveau sans respirer, comme si l'air n'existait pas dans cet endroit-là :
Comme est-ce que je te vois si bien ; je te trouve plus beau que
jamais, allez, ça va : à bientôt, je suis un peu pressée… quelqu'un
m'attend… dit-elle presque criant et part si vaporeuse telle qu'elle
était apparue.
À bientôt, je prononçai par toutes paroles hors de moi, et en reprenant
la marche, je mis mon regard là-haut où les corniches des vétustes
maisons semblent vouloir fermer la rue au-dessus. Alors, moi, baissant
la tête, le dis cette fois aux murs de pierre : résolument, elle est une
amoureuse qui marche à la rencontre de son amoureux. Par réponse, j'ai
obtenu l'écho de mes mots.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire