lundi 24 décembre 2012

ANCIENS CHEMINS, ANCIENS

    Les chemins faits en marchant des gens, petit à petit ont rassemblé, au long (moins au large parce qu'ils étaient plutôt étroits) de leurs parcours, ouvrages par les voyageurs façonnés pour s'en servir à faire leurs voyages plus commodes. Ces chemins, impassiblement immobiles, parcourus incessamment par voyageurs, complaisantes, observateurs, sans mépris de la lourdeur ou la souplesse de leurs tracés, avec plaisir aux couleurs, aux odeurs, aux sons que les saisons diversifiaient ; supportant même, stoïquement, les inclémences que celles-là puissent apporter. 

   Ces anciens chemins qui ont subi du tapage de graviers, carrelages, bétonnages, goudronnages ; le passage du plus en plus lourd transport conduit par voyageurs indolents qui ne percevaient en eux que le gênant de leurs tracés, d'eux que les lignes peintes, continues, discontinues ; ces anciens chemins de plus en plus remplacés, abandonnés, par les nouvelles voies artificiels, sans vie, lesquelles blessent la nature sans pitié, sans rien leur importer qu'elles-mêmes. Ces anciens chemins, abandonnés à la jouissance de voyageurs qu'en profitent les jours ensoleillés, pour y aller crier comme pies et verser ses détritus impérissables ; à ces anciens chemins ne les reste beaucoup plus qu'aux derniers anciens voisins, anciens qui ne transportent que leurs propres peaux.

   Ces anciens chemins, anciens qui ne seront bientôt qu'une nouvelle blessure cicatrisée sur terre.    

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