« Une »
hippopotame de renom, « l'amoureuse » (dû aux simagrées qu'elle
faisait à tout voisin à faute de congénère, dans le zoo de Vincennes où
elle était prisonnière à cause d'être hippopotame). Une soirée, déguisée
de stupide, pour passer inaperçue, elle partit pour aller se promener par les
trottoirs de l'avenue Daumesnil. À la recherche du premier mammifère,
n'importe quel, pour donner libre cours à la passion de la condition
dont elle avait pris tel sobriquet. Je dois constater que ni dans sa
chambre-là n'avait un miroir, ni elle ne s'était jamais vue
d’hippopotame.
Une fois dans la rue, le premier sentant à mâle se trouve, qui est un
homme en état de préjudiciable ivresse, qui ne peut pas être l'étalon de
ses désirs. Il lui avoue qu'il est très amoureux d'une femme à
qui il ne veut pas faire devenir cocue. Notre hippopotame n'arrive pas à
comprendre comment ce type-là peut être amoureux d'une bouteille qui,
en plus, contient de l'eau sale, alors qu'elle constate comme il
l’embrasse. L'amoureuse ne lui resta que de soupirer avec
envie : quelle passion !
Un autre bipède qui y passe, aux traces de la sobriété du lait ;
immédiatement qu'elle se présente devant lui, il bondit en arrière,
mettant les
doigts de sa main gauche sur sa bouche, l'autre en haut comme si elle
tenait un fleuret… soudain : il fit disparu tel qu'un danseur
secondaire dans un opéra bouffe.
Le troisième animal qui apparaît, c'est aussi un autre homme. Il était
un vieil homme, droit comme un mât ; élégant et courtois, si courtois que,
délicatement, il explique à l'amoureuse qu'à lui, se l'est passé l'âge
d'aventures galantes.
L'hippopotame, désespérée, décide de se suicider en se jetant sur la
première voiture qui y passe ; par là y vient l'une à toute vitesse,
conduite par un homme aussi désespéré parce que sa femme l'a quitté… Ils
vont, sur le champ, tous les deux laisser de l'en être.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire