Il
était une fois un homme, un homme sérieux qui, assez de s'en aller,
s'en amourait d'ici par là du mépris. Il faut le dire, cette fois-là,
après
de se raser et puis de nettoyer le miroir de la buée, en s'y regardant,
il se dit lui-même : Jacques, comme de certaines façons tu aimes
l'humanité, de cela que tu dois t'énamourer est de toi-même et laisser
de marcher par la vie en faisant des conneries ; il n'y a rien ni
personne qui t'attache dans celle-là, ni épouse ni fils (j'ai déjà dit
qu'il était un mec sérieux) et tes amitiés ne sont qu'une prolongation
de toi-même.
Dit ça, le premier qu'il se met à faire, c'est de se
compromettre sérieusement, d'embrasser ce
qu'à son avis est le plus proche de la raison ou du sens commun, ou, si
vous le préférez, de la liberté. Celle-ci, le seul artifice qui empêche, dès son
point de vue, le développement de celle-ci est le dogme. Dit et fait, il
embrassa (il adorait embrasser). Ainsi, il tombait encore facilement
amoureux. Comme j'affirmais, il embrassa cette cause en
se faisant un engagé combattant athée.
Le temps coule, et une autre fois qu'il était en train de se raser et
puis de nettoyer la buée du miroir, il s'y regarde de nouveau : cligne
un œil, l'autre œil, un souffle par le nez, aspire par la bouche, pour à
la fin se mettre à réfléchir en haute voix : ça d'être athée est une
connerie, comme vais-je être athée si Dieu n'existe point.
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