vendredi 5 juin 2015

ÉSOPE TOUJOURS VIVANT

    Pour s'en aller d'un bar à un autre marchent deux amis par le trottoir, par où vient à contresens une vaporeuse figure; quelque chose comme une écume immaculée, fragile et ferme, d'une telle légèreté qu'elle semble être poussée de la douce brise que la fait trembler ; cette exhalation qui au se croiser avec les deux marchants les fait sentir le parfum, d'elle, qu'elle dilapide partout.

    As-tu jamais vu — dit un ami à l'autre – beauté plus belle ? 

    Bof! Elle a ce grain de beauté dans la commissure de ses grosses lèvres qui ne la fait pas belle; en autre, elle a le nez petit et retroussé, et les yeux trop grands, aussi comme les cils: noirs et brillants, à l'égal que ses longs cheveux qui tombent sur son dos jusqu'à la taille, par où elle semble se casser… que dire de sa peau aussi pâle qui ressemble de velours… On croira toucher une pêche.

    -Soit! — interviens l'autre interlocuteur – Que les grappes sont trop vertes!

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