mardi 23 novembre 2021

AU FUR ET À MESURE QUE LE SOLEIL S'ENDORT JE M'ÉVEILLE

    En étant moi aussi bavard que généreux, j’aime raconter histoires. Ainsi, c'est la façon dont personne ne me coupe la parole, ou bien, c’est le cas, il ne m’importe absolument de gaspiller du papier.

 
   Allons-y donc : il y a belle lurette, je rentrais, de petit matin, en classe de langue, il était lundi, ce qui depuis deux jours et demi d’armistice scolaire, dont j’avais fait la guerre autre part, d'où le butin emporté, était une langue de bois façonnée en racine de chêne. Bon, ce jour-là, la maîtresse avait proposé à ses disciples de raconter ce qu’ils avaient fait la fin de semaine, à ce que la claque (impayée) a accepté volontiers. Les bêtises ont proliféré tellement marguerites sur un pré au printemps, les semant chacun à son tour, exception faite de deux drôles spécimens, lesquels ont partagé le labour, car ils ont passé le congé ensemble. À deux voix, ils ont semé des marguerites et d’autres petites fleurs. Donc, ils ont fait remarquer, à l’unisson, de belles couches de soleil desquelles ils ont joui. La professeure, sans laisser de sourire tendrement aux joyeux exemplaires et en me regardant du coin de l’œil, me demande : et toi Jacques, tu as regardé coucher le soleil ?


   
En regardant la maîtresse moi aussi du coin de l’œil, je lui réponds, voix caverneuse, presque marmottant : ma chère prof, avant que le soleil ferme la porte au jour, je suis déjà retiré au-dedans d’un bar.

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