MACABRES SCÉNARISTES

    Je n’aime absolument pas le rôle que l'on veuille, je joue dans la vie.

    D’abord, parce que ni moi, je ne suis ni moi, je n’aime aucunement être acteur.

   En outre, les macabres scénaristes sont intégralement stupides.

EST-CE QUE LE MONDE EST FOU ?

    Je n’en crois absolument pas, car la folie, à mon avis, est un état d’esprit débordant créativité.

    Pourtant…

    Après y avoir longuement réfléchi, j’ai déduit que le monde est devenu majoritairement imbécile.

LA BOTTE ABANDONNÉE ET LA COLOMBE POIVROTE

   Le champ de bataille où celle-ci s’était tenue est devenu absolument rasé.

    Il n’y reste trace de vie que ne soit qu’une petite fleur bleue perdue par là.

   Expiré la petite, accouchement sans douleur, en douceur, germe tout le champ.

AU FUR ET À MESURE QUE LE SOLEIL S'ENDORT JE M'ÉVEILLE

    En étant moi aussi bavard que généreux, j’aime raconter des histoires. Ainsi, c'est la façon dont personne ne me coupe la parole, ou bien, c’est le cas, il ne m’importe absolument pas de gaspiller du papier.

 

   Allons-y donc : il y a belle lurette, je rentrais, de petit matin, en classe de langue. Il était lundi, ce qui, depuis deux jours et demi d’armistice scolaire, dont j’avais fait la guerre autre part, d'où le butin emporté, était une langue de bois façonnée en racine de chêne. Bien, ce jour-là, la maîtresse avait proposé à ses disciples de raconter ce qu’ils avaient fait la fin de semaine, ce que la claque (impayée) a accepté volontiers. Les bêtises ont proliféré tellement de marguerites sur un pré au printemps, les semant chacun à son tour, exception faite de deux drôles spécimens, lesquels ont partagé le labour, car ils ont passé le congé ensemble. À deux voix, ils ont semé des marguerites et d’autres petites fleurs. Ainsi, ils ont fait remarquer, à l’unisson, de belles couches de soleil desquelles ils ont joui. La professeure, sans laisser de sourire tendrement aux joyeux exemplaires et en me regardant du coin de l’œil, me demande : et toi, Jacques, tu as regardé coucher le soleil ?

    En regardant la maîtresse moi aussi du coin de l’œil, je lui réponds, voix caverneuse, presque marmottant : ma chère prof, avant que le soleil ferme la porte au jour, je suis déjà retiré au-dedans d’un bar.

QUI NE VOUDRAIT MENER UNE BELLE VIE

    La vie devrait être belle, au moins pour moi ; qui en étant athée, je n’ai pas autre chose.

    Pourtant, au fil des années, il m’est arrivé d’avoir plus d'espoir dans la mort que dans la vie.

    Ce qui, peut-être, est à cause de vivre parmi tant de conneries, que j’en suis assez.

LA PETITESSE D'UNE FLAQUE ET LA GRANDEUR DE LA MER

    Le caractère humain, souvent, est tellement un cercle dilatant qui fluctue autant en grandeur qu’en petitesse… Un lac dont parfois peut juste naviguer un canot, mais d’autres une flotte.

    Pourtant, l’uniformité fait de l’individu humain un être dont le cercle n’est pas que lui tout seul.

    Un personnage de cette façon à qui cette faculté le fait devenir quelque chose de semblable à un lac minuscule dont on ne peut pas manœuvrer, ni à un tout petit bateau en papier.

RÊVER DE DIEUX ET DÉMONS

    On vit dans un monde dont le monde, presque tout, rêve de dieux et de démons, ce qui reste en rêve, parce que ni les uns ni les autres ne se manifestent pas.

    Ce monde, quasiment tout, veut croire et il croît n’importe quoi.

    Et, de même, ces croyants voient encore et encore des démons partout, des hommes qui se font croire dieux, mais ceux-là ne croient pas en les démons.

DES PROTAGONISTES D'UNE ÉPOQUE RÉCENTE DE L'HISTOIRE

   Quiconque veuille prendre connaissance de l’histoire ne doit qu’écouter l’histoire elle-même.

   Puisque les charlatans qui y bavardent ne la racontent qu’en leur avantage.

    Une autre façon de la connaître est de contempler le final, celui-ci arrivé, c'est uniquement le présent.

PARFOIS QUAND LES YEUX GRONDENT LA BOUCHE LES FAIT TAIRE

    Le regard insolent d’elle fouettait le regard paisible, de vache laitière, de l’amoureux.

    Celui-ci que quand celle-là lui donne le dos, il caresse de son haleine son cou.

    Elle se révolte ; leurs haleines se confondent, leurs lèvres s’approchent, leurs langues se fondent.

UN MYTHE QUI A FRAPPÉ À MON OREILLE

    De tous les mythes qui ont frappé à mon oreille, celui-ci que j’ai toujours ouvert courtoisement à tous, il y a eu un qui m’a montré la présomption humaine.

    Par le moyen de celui-ci, on dit qu’il y a parmi les animaux autres quelques-uns qui mangent les humains.

    Les animaux, tous, mangeons de la nourriture, soit végétale, soit chair. Bien que parmi les carnivores, surtout les gros reptiles mangent n’importe quoi.

LE SOURIRE D'UN HOMME SATISFAIT

    Tout à coup, il me vient à la tête ce qui m’est passé un jour, il n’y a pas longtemps.

 

  Chemin faisant, par un paysage montagneux, tout semblait oublié par les humains ; soudain, je me suis trouvé avec un vieil homme qui s’affairait à inhaler le parfum des fleurs. On se regarde. Il me sourit, moi aussi ; donc, il me dit, susurrant presque, je prépare mon enterrement et, entendant lui que je ne comprisse rien, il ajoute :

 

   Lorsque le cortège passe, j’exhalerai le parfum. Je n’ai pas autre chose à offrir à mes paroissiens.

LES MAQUEREAUX DE LA DÉMOCRATIE

    D’abord, les puissants se sont fait idolâtrer. Leurs peuples, qui voulaient être comme eux, ont accepté la dévotion volontiers.

    Au fil du temps, les puissants ont délégué sur n’importe quel dieu, fabriqué à son image et ressemblance, pour se faire dissimuler ; mais les dignitaires aménagés à le glorifier (le correspondant à chacun de ceux-là) ont progressivement pris le pouvoir, bien qu’éphémère ; car les susdits dignitaires, en créant à leur tour davantage de dieux, ont tout bouleversé.

    C’est donc que les puissants ont fabriqué « la démocratie » pour ensuite la prostituer et devenir ceux-ci ses maquereaux.