mardi 4 septembre 2012

UN HÉRITAGE EMPOISONNÉ

     Maurice était considéré pour son voisinage faubourien, qui croyait le connaître, un jeune homme gentil et poli ; considération qu'il s’efforçait en soutenir en faisant une impeccable gymnastique, avec les mœurs, cela qu'il ornait de généreux sourires, aussi que de sa soignée tenue, il était toujours si bien peigné que correctement habillé ; tenue, y avec, qu'on se le pouvait voir sortir chez-lui, panier à la main, faire les courses de sa mère, dont il retournait tellement il avait sorti, qui ne fussent la variante, du panier rempli et penché de son bras ; ce même service que l'en faisant à son père, le lui faisait métamorphoser le sourire en une allure de souci, celle-ci forcé pour le retour, dont il faisait tout pour dissimuler le tintement sourd des bouteilles remplies.

    Les jours ensoleillés, Maurice se promenait, son aïeule harnachée à son bras, par le trottoir avec lequel faisait Ra. Il ne faut plus ajouter sur ce modèle de bienséance ; jusqu'au jour est arrivé, dont la mort de son aïeul, lui une crapule indécente (selon son aïeule) qui l'avait laissé en héritage à son petit-fils sa moto : noir mate, un guidon tel que les cornes d'une vache béarnaise, aux aigles, aux monstres, jambes féminines aussi que seins, peints partout, moto et uniforme. Maurice, si gentil, ennemi de faire un mépris, monte la moto (habillé comme il faut). Il met visage d'un mauvais briguant et se fait appeler Mau. Les amis d'enfance, qui le connaissaient mieux que leurs aînés, lui appelleraient miaou-miaou, si bien que je crois plus adéquat qu'ils l'auraient appelé saint Mau-Miaou (Saint Maurice est enregistré depuis longtemps) parce que la vie du jeune homme était devenue un martyre à lui ; il n’aimait les tatouages ni se faire le malin, ni boire d'alcool, ni faire des infractions (prudemment, tout il faut le dire) ni se mettre des fers dans le visage, en plus le lui terrorisait supporter le froid, et pour si cela n'était pas assez, son aïeule refusait net de monter avec lui dans la moto…        

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