Quand deux amis se retrouvent depuis quelques jours d'absence mutuelle, la force de l'amitié, aussi comme les fait relativiser sur le temps passé, elle fait que le dialogue à l’occasion, devienne, de quelque chose transcendantal, en ce que l'y concerne, en un parler pour parler ; ceci qui commence, comme ne peut pas être d'autre, l'entamant l'un, répondant l'autre :
Alors ! Où as-tu été, mon pote? il y a longtemps que l'on ne boit pas ensemble !
En répondant l'autre, surprenant, sans avis préalable, sans préambule ; on dirait, comme le lui crachant les mots :
— Tu vois… C'est
que je me suis quitté de boire.
Affligé le bon pote, ses traits altérés, aux yeux fermés presque, pour qu'ils ne se désorbitent, timidement répond à son tour :
— C'est grave ? …
c'est à cause ?
— Mais non, il y a des moments dans la vie d'un homme qu'il doit prendre des décisions, même
qu'elles soient drastiques, dures, jusqu'à effrayantes, parfois.
— Qu'est-ce que je
peux dire ? — Ça va ?, peut-être.
— Ça ne va pas ; la vie
est la même merde, mais beaucoup plus ennuyeuse.
— Bon. Que peut-on faire de nouveau tous les deux ensemble ?
— Allons-y donc prendre
quelques pots de bon vin rouge, puisque c'est le blanc que j'ai
quitté.
— Allons-y.
Depuis tout cela
écouté, bien peut se dire que plutôt qu'un parler pour parler, il
s'agit d'une question de couleur.
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