Soudainement, un petit bar fut envahi de la voix de Brassens chantant Jean-Baptiste Clément « le temps des cerises » le patron, un vieux romantique, s'était mis à rouler un vieux tourne-disque. Il était midi, heure propice à tout oisif qui se vante facilement s'émouvoir. Un spontané, entre criant et pleurant, lance : il faut y aller ! À ce que les tous buveurs, nous sommes mis d'accord, même le patron, auquel, cependant, sa malveillante poule toute suite la coupe les ailes.
Tous partons à la campagne en joyeuse compagnie direction Côte D'or dont les cerises, se supposait, nous attendaient. Route faisant, près de Beaune, un tableau impressionniste, timidement pointé de rouges, se laisse voir. On s'arrête, et on se met au-dessous des cerisiers se reposer. À moi la curiosité, qui me vainquait, m'en fait aller jusqu’à l'autre bord de la cerisaie, où commence celui d'une rouvraie, d'où sort, au m'approcher moi, une joyeuse petite bûcheronne qui d'un sourire menaçant me dit : où tu vas, t'entremêler mes chênes ? Va-t’en chez tes potes prendre des cerises et fait soin de ne pas casser leurs branches, sinon l'an prochain les cerisiers ne fleuriront pas.
Moi, comme peureux de l'expérience, presse le pas pour arriver le plus vite chez les miens. En y arrivant, je leur dis : allons-y ; tous me regardent méfiants ; donc j'ajoute : là-haut, il y a un bar depuis on peut regarder les cerisiers. Personne ne se méfie pas, nous tous y allons. Ah le vin de la bourgogne, à la couleur des cerises ; accompagne de bœuf bourguignon, des fromages du terroir… et de dessert gâteau aux cerises ! Dommage que la joyeuse petite bûcheronne ne partage pas festin avec nous.
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