En étant moi aussi bavard que généreux, j’aime raconter des histoires. Ainsi, c'est la façon dont personne ne me coupe la parole, ou bien, c’est le cas, il ne m’importe absolument pas de gaspiller du papier.
Allons-y
donc : il y a belle lurette, je rentrais, de petit matin, en
classe de langue, il était lundi, ce qui depuis deux jours et
demi d’armistice scolaire, dont j’avais fait la guerre autre
part, d'où le butin emporté, était une langue de
bois façonnée en racine de chêne. Bien, ce jour-là, la maîtresse
avait proposé à ses disciples de raconter ce qu’ils avaient fait
la fin de semaine, ce que la claque (impayée) a accepté
volontiers. Les bêtises ont proliféré tellement marguerites sur
un pré au printemps, les semant chacun à son tour, exception faite
de deux drôles spécimens, lesquels ont partagé le labour, car ils
ont passé le congé ensemble. À deux voix, ils ont semé des
marguerites et d’autres petites fleurs. Donc, ils ont fait remarquer, à
l’unisson, de belles couches de soleil desquelles ils ont joui. La
professeure, sans laisser de sourire tendrement aux joyeux
exemplaires et en me regardant du coin de l’œil, me demande :
et toi Jacques, tu as regardé coucher le soleil ?
En regardant la maîtresse moi aussi du coin de l’œil, je lui réponds, voix caverneuse, presque marmottant : ma chère prof, avant que le soleil ferme la porte au jour, je suis déjà retiré au-dedans d’un bar.
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